Naissance d'une grande équipe
En 1945, alors que l’Europe pansait ses plaies, une nouvelle génération de passionnés prenait la relève au HC Sierre. Une bande de copains, parfois encore adolescents, souvent débrouillards, tous unis par une chose : l’amour du hockey et le rêve de bâtir un grand club. Parmi eux, des noms qui résonneront longtemps dans les travées de Graben : les frères Giachino (Jean et André), Marcel Sartorio, François Bonvin, sans oublier les figures de l’ombre comme Albert Berclaz, René Sartorio ou Max Nanzer.

Le HC Sierre quitte en 1952 la glace précaire de Géronde pour s’installer dans une plaine glaciale appelée Bellevue. Là, tout est à faire : pas de vestiaires, pas d’éclairage, mais une foi inébranlable. On se serre les coudes, on improvise un système d’arrosage maison pour créer la glace, et quand la soupe manque, on va chercher des poulets dans le poulailler familial… Car pour ces pionniers, le hockey, c’est une seconde famille.

On traîne ses patins entre les matchs à Saas-Fee, les trajets à pied à Saas-Almagell avec le matériel sur le dos, les combats sur la glace, les soirées au bistrot et les fous rires partagés dans une cabane de fortune. Loin du confort moderne, c’est une école de la vie. Et ce qu’on retient le plus, c’est la camaraderie. « On aurait peut-être préféré le foot », diront certains, « mais on n’aurait jamais quitté le hockey sans y être obligés ». Peu à peu, les résultats suivent. Le club décroche des titres romands, monte en Série A, et dispute de grandes finales. En 1957, c’est l’apothéose : le HC Sierre devient champion suisse de Série A et obtient sa promotion en LNB. La fête durera toute la nuit dans les rues de Sierre, avec Real Dulac, l’entraîneur-joueur canadien, porté en triomphe par ses coéquipiers.

Mais pour briller en LNB, il faut une patinoire digne de ce nom. Grâce à une mobilisation populaire sans précédent, Sierre inaugure en novembre 1958 la patinoire artificielle de Graben, fruit d’un effort collectif monumental. C’est le symbole d’un club qui, à force de sueur, d’ingéniosité et d’amitié, a su se hisser parmi les grands.
